La décrue amorce sur la Sirba. Ce matin du 26 juillet 2020 à 05h00, l’hydromètre de Bossey Bangou signalait une hauteur de l’eau de 695 cm équivalents à un débit de 1410 m3/s. 24 heures après le dépassement de la seuil rouge, le niveau d’alerte est retournée à l’ORANGE. Le pic de plaine se déplace lentement en aval mais avec une intensité progressivement décroissante grâce à l’effet de lamination de la pleine. La décrue, comme attendu, est plus lente que la crue et en aval, vers Garbey Kourou et Tallée, elle ne sera perceptible que demain. Le niveau mesurée ce matin à 05h à Garbey Kourou est de 481 cm. La prévision météorologique sur le bassin de la Sirba conforte cette perspective avec peu de précipitations prévues dans le 72 heures. Sur le Fleuve Niger aussi, la crue à ralenti et à Niamey ce matin à 05h la hauteur du fleuve est de 538 cm (3 cm moins que hier à la même heure).
Maintenant que le pire semble passé, on peut commencer tirer des leçons sur le fonctionnement du SLAPIS. En gros et rapidement les considérations principales sont trois.
La première est que la modélisation hydrologique faite à large échelle risque d’être inadéquate à prévoir des événements localisés. Déjà je vois le souris de mes collègues de Turin, qui depuis 2017 ont dit de faire attention avec ces modèles à large échelle qui peuvent être utilisés pour la pré-alerte mais non pour l’alerte. Bien, le cas de la Sirba en 2020 confirme leur point de vu et aussi la nécessité d’avoir un bon réseau d’hydromètres qui dans des conditions d’urgence deviennent la seule source fiable de données. Toujours en termes de prévision, la prévision hydraulique faite en utilisant les données des hydromètres est beaucoup plus fiable de celle hydrologique pluie-débit, mais demande, elle aussi, d’être calibrée sur un nombre important d’années, d’années sèches et d’années humides. Les cas dont on parle aujourd’hui c’est le premier événement de crue de la Sirba qui a pu être analysé avec les données d’un hydromètre en amont et un en aval et enregistrement à fréquence horaire (avant les données étaient gère avec fréquence journalière).
Les informations collectées ces dernières semaines permettront de calibrer encore mieux le modèle hydraulique en termes de propagation de la vague de crue et lamination le long les zones inondables de la rivière.
Le deuxième constat est que le mécanisme d’information et communication mise en place par SLAPIS non seulement a tenu mais a marché très bien. Du point de vue technique le mécanisme d’information à montré d’être à la hauteur de la situation, même si s’était en effet la première fois qu’il venait testé en opérationnel. Les données sont remontés des hydromètres régulièrement et ont été toujours disponibles à travers la plateforme SLAPIS (www.slapis-niger.org). L’équipe des informaticiens qui ont développé la plateforme a été mobilisé h24 pour résoudre tout problème technique et ils ont aussi pu mettre en ligne les données de la station hydrométrique de Niamey au moment du besoin. Quelque souci au moment du pic à Bossey Bangou est venu de l’emplacement de l’hydromètre, juste quelque centimètre en dessus de la cote rouge. On a du demander à l’observateur, M. Boubacar Djibo, d’intervenir sur l’appareil, chose qu’il a fait sans hésitation nonobstant le danger.
De même, tous les observateurs des échelles colorées ont montré un engagement au-delà de toute attente. Le système a marché surtout parce que derrière il y avait des hommes et des femmes dévoué à le faire marcher. Comme les hydrologues de Niamey et de Turin, constamment sur les données pour apprécier et analyser toute donnée en entrée et fournir des prévision hydrauliques fiables, les seules prévisions fiables, comme on disait auparavant. De même, les prévisionnistes météo de la DMN ont pu fournir régulièrement la prévision locale.
En fin, le mécanisme de diffusion a très bien marché aussi, centré sur la DH qui a maintenu le contact direct avec les autorités au niveau central (Direction Générale de la Protection Civile et Ministère des Affaires Humanitaires) et avec les autorités locales (Maires des communes de Gotheye, Namaro, Torodi et Niamey). Au niveau local, les Maires ont directement échangé avec les chefs de villages, les autorités coutumières et religieuses pour informer et alerter les populations, selon le plan dessiné lors de la mise en œuvre de SLAPIS. Dans ce sens, les observateurs SLAPIS ont aussi joué un rôle très important, faisant partie des SCAP-RU, ils ont pu diffuser les informations qu’ils collectaient et qui recevaient des autres observateurs et à travers SLAPIS. De nombreux témoignages sont disponibles en forme de podcast dans le blog ANADIA de ce site (https://climateservices.it/anadia_blog/).
L’utilisation des smartphones et des applications de messagerie instantanée ont beaucoup aidé le processus de communication.
Ces considérations faites, il est encore trop tôt pour dire que tout est fini et le pire est passé. En tout cas, dès que l’eau s’en va on commencera faire le constat des dégâts, qui malheureusement sont importants. Ce qui nous incite et nous encourage est que à l’heure actuelle on n’a pas eu des victimes, je pense grâce à SLAPIS.